Les Robichaud
Les Robichaud étaient parmi les premières familles françaises à s'établir en Acadie (aujourd'hui les provinces maritimes du Canada, en particulier le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard). Leur histoire, comme celle de nombreux Acadiens, est marquée par la persévérance et un fort attachement à la culture et aux traditions francophones. Ils ont traversé des périodes tumultueuses, notamment pendant la déportation des Acadiens, également connue sous le nom de Grand Dérangement, au milieu du 18e siècle.
Aujourd'hui, les descendants des Robichaud peuvent être trouvés non seulement au Canada atlantique, mais aussi dans plusieurs régions des États-Unis, notamment en Louisiane, où de nombreux Acadiens ont trouvé refuge après la déportation. La famille Robichaud est donc un exemple de la résilience acadienne et de la préservation de l'identité culturelle à travers les générations.
Cette page comporte des informations concernant la première famille qui s’est établie en Acadie.
Étienne (Estienne) Robichaud
Estienne (Étienne) est né, probablement en France, vers 1640. En 1663, vers l’âge de 23 ans, il épouse à Port-Royal Françoise Boudrot.
Estienne et Françoise ont eu six enfants, quatre fils et deux filles: Madeleine,(vers 1664), Charles, dit Cadet (vers 1667), Prudent (vers 1669). Marie (vers 1672). Alexandre (vers 1675), François, dit Niganne (vers 1677). L’on connaît peu de choses, de la vie d’Estienne. Retenons, ce que rapporte le père Laurent Molins, religieux cordelier, curé de Port-Royal, chargé de faire le recensement de Port-Royal en 1671 le premier recensement en Acadie.
« Laboureur ESTIENNE ROBICHAUT ne ma pas voulut voir Il a sorty de chez Luy
et a dit a sa femme quel me dit quil ne. vouloit point donner Le Conte de ses bestiaux et terres. »
Une preuve additionnelle que «la méfiance légendaire des Acadiens date de bien avant la Déportation»
Même en France, dans leur pays d'origine, l'expression «une réponse de normands» c'est-à-dire une réponse évasive et sans compromis, faisait partie du vocabulaire courant.
Au prochain recensement, en 1678, Estienne est identifié comme ayant deux arpents de terre, moins que la moyenne de 5,7 Arpents de Port-Royal. Il avait dix bêtes à cornes, la moyenne du village; par contre, il ne possédait pas de fusil. Selon Maurice Basque, Étienne Robichaud ne se distingue pas de la majorité des pionniers de Port-Royal par son patrimoine foncier ou son cheptel. Cependant, ses enfants vont faire preuve d’un dynamisme beaucoup plus prononcé en matière économique et en matière de leadership.
Étienne décéda à Port-Royal en 1686, à environ 48 ans. Le père Lanctôt nous donne les renseignements suivants, qu’il semble puiser d’un recensement de 1704: «Michelle Aucoin demeure avec sa fille Françoise et son petit-fils (1706). Françoise Boudrot (62 ans),… veuve d’Estienne Robichaud, a quatre fils et deux filles, tous mariés et établis à Port-Royal.»
Étienne, par son mariage avec Françoise Boudrot, faisait son entrée dans une famille bien installée à Port-Royal. Son beau-père, Michel Boudrot, deviendra lieutenant général du roi, donc le responsable de l’administration de la justice.
Selon Maurice Basque, les enfants d’Estienne suivront l’exemple de leur père en faisant de bons mariages. Par leurs stratégies matrimoniales, ces Robichaud se retrouvaient maintenant parents ou alliés de familles économiquement influentes de Port-Royal, comme les Melanson et les Thibodeau, de familles seigneuriales, comme les Saint-Étienne de La Tour et les LeBorgne de Belleisle, et de familles proches des autorités coloniales, comme les De Goutin, les Petitot et les Petitpas. » Selon Jacques Vanderlinden, Françoise Boudrot, de par l’influence de son père et de ses frères et sœur, aurait eu un rôle déterminant dans le bon mariage de ses enfants.
* Voir: Un résumé complet de ce que l’on sait d’Étienne Robichaud.
Madeleine Robichaud
Madeleine Robichaud est née vers l’an 1664 et est décédé le 7 juin 1710 à Port-Royal. Elle a épousé Pierre Landry né vers l’an 1658 fils de René Landry Lesnes né en France vers 1618. Il a 53 ans. Il aurait épousé en France Perrine Bourg vers 1640 et serait arrivé en Acadie un peu avant 1645. En 1671, il avait à cette date 5 filles et 2 garçons dont Pierre âgé de 13 ans qui deviendra l’époux de Madeleine. le 1er juillet 1682. Ils sont à Beau-Bassin vers 1700.
Par la suite on retrouve Pierre et Madeleine mariés dans les recensements de Port Royal en 1686, 1693, 1698, 1700, 1701, 1703, Lors du prochain recensement en 1715 Pierre Landry est veuf. Il n’y a pas d’autres informations. Ils auraient vécu à titre de fermier.
Charles Robichaud dit cadet
L’ainé de quatre garçons, Charles naquit à Port-Royal vers 1667, comme en fait foi le recensement de 1686. Lui et ses descendants étaient surnommés «Cadets» pour les distinguer des Prudents et des «Nigannes» (François), tellement qu’au recensement de 1714, il est inscrit du nom de Charles Cadet.
En 1686, il épousa Marie Thibodeau fille de Pierre et Jeanne Teriot, qui mourut en 1700 lui laissant dix enfants: Isabel, René, Charles, Antoine, Augustin,Jean, Alexandre, Joseph, Françoise, Jacques.
Au mois d’août 1695 (vieux style) : Charles Robichaud prête le serment de fidélité au roi d’Angleterre à Port-Royal; il fait sa marque.
Le 9 juin 1703, il épouse en secondes noces Marie Bourg (Jean et Marguerite Martin), veuve de Jean Dubois, de Port-Royal, en présence de ses frères, Prudent, Alexandre et François. De ce second mariage naquirent huit enfants: Joseph, Marie Madeleine, Pierre dit Cadet, Charles, Marie, Claire, Cécile et Marguerite dit cadet.
La coutume de nommer deux enfants du même nom dans la même famille était assez répandue chez les Acadiens. Le généalogiste Placide Gaudet en a relevé plusieurs dont l’authenticité ne fait aucun doute. Dans le cas des frères Joseph, les registres de Port-Royal permettent de les identifier avec certitudes.
Charles connut très tôt les déplacements. Sa terre et sa maison, située sur l’emplacement de l’actuel «Fort Anne» à Annapolis, furent expropriées pour l’extension du fort, comme en témoigne le rapport de l’arpenteur, le Sieur de Labat, en date du 2 décembre 1705. Il possédait à ce moment une pièce de terre sur la rue Saint-Antoine et une maison de 30 pieds de long et 22 de large sises sur ladite rue. Cet emplacement était parmi les «terres et maisons hors du fort à mettre en esplanade». Le recensement de 1700 nous révèle que Charles y possédait un modeste Cheptel, composé de 12 bêtes à cornes et 14 brebis, sur ses 16 arpents de terre.
Il déménagea alors avec sa famille et s’installa sur une terre au Cap de Port-Royal, un petit promontoire à l’intérieur des terres, à peu près un demi-mille du fort, bien indiqué sur les cartes de Saccardy, fils (1690), et Paquin (1708). Malheureusement, le fort n’apportait pas la sécurité nécessaire contre les raids des colons de la Nouvelle-Angleterre. Après l’attaque manquée du colonel Church en 1704, une nouvelle attaque le 6 juin 1707 échoue également, mais non sans avoir causé beaucoup de dégâts. Les magasins, la chapelle et de nombreuses maisons du Cap, dont celles de Charles et de ses frères, furent incendiés.
Se remettant à l’œuvre, il rebâtit sa maison, bien décidé à demeurer au Cap malgré la reddition de Port-Royal aux Anglais en 1710. Cependant Charles avait conservé une terre à Port-Royal qu’il décida de vendre le 30 mars 1712. La description en est faite lors de l’acte de vente de cette terre au marchand bourgeois John Adams de Port-Royal. Cet acte est dressé devant trois témoins par Prudent Robichaud et signé de la main de Marie Bourg alors que Charles Robichaud fait sa marque. En voici la description : «Le morceau de terre haute, mesurant 60 pieds de profondeur, est situé le long de la grève de la rue Dauphin en allant du côté de la rue Saint-Antoine et entre les bornes de Pontiff et celles de Gourdeau. Le vendeur a reçu la somme de 300 livres en argent comptant, avant d’avoir fait ce contrat. Certifié devant Sam Vetch».
En août 1714, La Ronde Denys de Pensens, préparant une liste des chefs de famille demeurant aux environs d’Annapolis Royal, l’ancien Port-Royal renommé ainsi par les Anglais en 1713, y inscrivirent parmi les habitants du Cap «Charles Cadet et sa femme», parents de 8 garçons et 2 filles. Il y était encore en 1718 alors que naquit sa fille Marguerite.
Cependant, le séjour à Annapolis devenait de plus en plus désagréable. Comme tant d’autres, Charles avait les yeux sur les terres fertiles des Mines et Cobeguit, loin des tracas de l’administration anglais et près de Louisbourg, où les Acadiens pouvaient vendre leur bétail. Cobequit surtout offrait l’avantage de communications faciles avec la mer et avec l’Ile Saint-Jean (Î.-P.-É.). C’est là qu’on retrouve Charles dès 1720.
Le Cobequit d’alors n’était pas un village comme nous l’entendons aujourd’hui, mais un territoire assez vaste comprenant tout le fond du bassin des Mines. En effet, tout autour de l’actuelle baie Cobequit, les Acadiens s’étaient installés par petits groupes de trois ou quatre familles. Tout le long de cette baie, des petites rivières viennent se déverser et leur embouchure donne sur des prés et des terres très fertiles. Chaque groupe de familles s’établissait sur un terrain plus élevé de l’embouchure de ces rivières.
On pouvait ainsi endiguer les prés, en retirer une bonne récolte de foin de pré et profiter en même temps d’excellents pâturages pour les bestiaux. Les troupeaux constituaient alors une source importante de revenus pour les Acadiens de cette région. Conduits par le «chemin des émigrants» jusqu’à Tatamagouche, puis transportés par bateaux, ces bestiaux étaient vendus à Louisbourg pour l’approvisionnement des troupes françaises.
Cobeguit comportait encore un excellent avantage du point de vue sécurité, la Baie étant difficilement navigable par de gros navires. De plus, en cas d’alerte, les Acadiens, sûrs de la protection des sauvages, pouvaient facilement remonter les rivières pour se mettre hors d’atteinte des agresseurs. C’est ce qui explique que la majorité des Acadiens de Cobeguit échappèrent à la dispersion en 1755. Leurs villages, disséminés le long de la baie, étaient reliés d’abord par un sentier, puis par une route carrossable qui devint l’actuelle route Parrsboro-Truro.
Dans ce grand Cobeguit, Charles avait choisi de l’installer près de l’embouchure de l’actuelle «Great Village River». Le site est aujourd’hui connu sous le nom de Great Village, Nouvelle-Écosse. Il y a une quarantaine d’années, l’on y voyait encore les traces des jardins acadiens ainsi que des briques provenant d’anciens fours. Ce village n’abritait que trois ou quatre familles, Charles et quelques-uns de ses enfants. Il portait d’ailleurs le nom assez significatif de «Village des Cadets», du nom de Charles dit cadet.
Le 12 avril 1721, le gouverneur Richard Philipps accuse réception par Charles Robichaud d’une lettre des habitants de Cobequit, l’assurant que les Acadiens n’avaient pas incité les Indiens à piller le bateau d’un dénommé Alden. Il se dit content de savoir qu’ils n’ont pas participé au pillage du bateau et assure que s’ils se comportent bien, ils obtiendront ses faveurs. Par la même occasion, il accède à la demande de Charles Robichaud, qui était l’unique député, qu’on lui en adjoigne trois autres. Les habitants en feront le choix qui devra être approuvé par lui. Mais un seul député se rendra à Annapolis Royal et ce sont les habitants qui paieront ses dépenses de voyage.
Mais il n’y avait pas que les Acadiens qui étaient méfiants des astuces de la garnison anglaise d’Annapolis. Les sauvages aussi étaient très méfiants. Charles était tout à fait à l’aise avec la langue des sauvages et il était parfois chargé par le gouverneur d’intervenir pour leur communiquer des messages. Lors de la réunion du conseil d’Annapolis tenue le 23 juin 1726 sous la présidence du lieutenant-gouverneur John Doucett, dans la résidence de John Adams, le lieutenant-gouverneur note l’arrivée de “Charles Robichau député de Cobaquit” qui lui apprend que Charles a communiqué aux sauvages la lettre qu’il lui avait confiée et leur avait donné les explications nécessaires, Ils devaient se rassembler aux Mines, mais peu avant son arrivée, un dénommé “Sheegau”, sauvage du “Cap Sable” les a dispersés en leur disant que le lieutenant-gouverneur ne ratifierait pas les articles de paix à moins que tous les chefs des différentes tribus soient présents. Ils décidèrent donc d’attendre pour voir ce qui allait se passer.
Charles mourut avant sa deuxième femme Marie Bourg. En fait, il était décédé lors du mariage de leur fille Marie qui à 25 ans épousa à Saint-Charles des Mines le 18 mai 1737 devant Charles de la Goudalie, grand vicaire de l’Acadie, Pierre Arostey, 24 ans, du diocèse de Bayonne, domicilié à la “Paroisse Saint-Pierre de Cobedie”, fils de François Arostey et Marie Lassalde. Les témoins étaient Jean et Joseph Robichaut, frères de l’épouse, et Jean Lebert et Ambroise Bourg.
Alexandre Robichaud et Joseph Robichaud font partie des exilés que nous rencontrons aux environs de St-MaIo. Lors du recensement de 1772, les deux hommes sont dits frères et Alexandre, l’aîné des deux, est âgé de quarante-cinq ans, donc né vers 1727. Or, en 1759, Alexandre et Joseph étaient arrivés à Saint-Malo dans le même contingent que Joseph Robichaud et Claire LeBlanc, François Robichaud et Agathe Turpin, Augustin Robichaud, Charles Robichaud (à Joseph et Madeleine Dupuis) et Pierre Robichaud (à Jean et Marie Léger). Tous ces Robichaud sont les fils ou les petits-fils de Charles Robichaud dit Cadet. Nous présumons qu’Alexandre et Joseph étaient également des petits-fils de Charles, mais leur père ne semble pas avoir été parmi les fils de Charles avec lesquels ils sont arrivés en France. Il nous semble impossible qu’ils soient fils de Jean ou de Joseph Robichaud (mari de Madeleine Dupuis). Nous sommes donc amenés à croire qu’Alexandre et Joseph étaient issus d’un mariage qui n’a été documenté nulle part, d’un fils du premier mariage de Charles Robichaud dit cadet. Parmi les fils de celui-ci, notre attention est attirée par Alexandre, parce que nous croyons que c’est bien lui qui figure parmi les héritiers d’Abraham Bourg à Cobeguit en 1754. Nous concluons ainsi qu’Alexandre Robichaud, fils de Charles Robichaud et de Marie Thibodeau, a épousé une fille d’Abraham Bourg.
Notes : Selon les dernières informations Joseph Robichaud ne serait pas un Robichaud mais serait probablement un Richard.
** Voir: Joseph Robichaud enfant de Charles Robichaud
Prudent Robichaud
Prudent est né vers 1669 à Port-Royal. Des quatre fils d’Étienne Robichaud et de Françoise Boudrot, Prudent devient l’ancêtre des Robichaud de Bas du Ruisseau Vacher de la Nouvelle-Acadie. Il épousa, en 1691, Henriette Petitpas, fille du greffier du tribunal de Port-Royal (Claude et Catherine Bugaret). Cette alliance rapprochait encore plus la famille Robichaud de celles des petits fonctionnaires français de Port-Royal.
Doué d’aptitudes administratives et entraîné par l’influence de son beau-père, Prudent Robichaud exerça des charges publiques en plusieurs circonstances et se fit défenseur émérite de l’élément français en Acadie. Inquiet des démarches du gouverneur Philips (1719-1722), il fut l’un des six députés que les habitants de «Rivière du Sud» déléguèrent à M. de Saint-Ovide pour protester que les Acadiens voulaient rester Français. Il fut également nommé syndic et président du conseil français à Port-Royal.
Voici un texte tiré du volume «Les stratégies de mobilité sociale des interprètes en Nouvelle-Écosse et à l’ile Royale, 1713 – 1758» par Isabelle Ringuet.
Quatre familles sont étudiées dans cette étude soit : les familles d’Entremont, Le Borgne de Bellisle, Petitpas et Robichaud et de l’importance de leur rôle d’interprète auprès des Anglais et des Amérindiens.
Je m’en tiendrai à la famille Robichaud.
Les trois premières familles sont étroitement liées au monde amérindien. En plus d’y avoir séjourné, d’avoir grandi à proximité d’un village amérindien, les hommes de ces familles ont souvent épousé des femmes amérindiennes. Les alliances matrimoniales entre ces familles sont très présentes. Elles sont aussi étroitement liées à une quatrième famille d’interprètes, les Robichaud.
Contrairement aux trois autres familles étudiées dans l’étude, la famille Robichaud n’a aucune personne d’origine amérindienne en son sein. Néanmoins, il, tout comme les autres interprètes, a grandi avec le monde amérindien.
Prudent marque très tôt sa volonté d’ascension sociale. Il utilise diverses méthodes, incluant les stratégies de progrès, pour se propulser au sommet de la hiérarchie acadienne. Il signe un serment d’allégeance en août 1695. Au cours de sa carrière, en plus d’être un interprète pour les Indiens, il a occupé plusieurs postes de confiance et d’influence au fil des ans, député britannique et collecteur d’impôts, marchand, collecteur de rentes, juge et Chef du Conseil français. Maurice Basque (ii) suggère même qu’il fut, sans conteste, le principal notable acadien de Port-Royal.
Ses relations commerciales étaient surtout concentrées sur la garnison du fort Annapolis Royal qu’il fournissait en bois de construction et en bois de chauffage une activité qui déplut à certains de ses compatriotes. Il était en quelque sorte un intermédiaire privilégié entre les habitants acadiens qui voulaient vendre leurs surplus agricoles et la garnison militaire qui en avait toujours de besoin.Grâce à son prestige, il est le porte-parole des Acadiens de Port-Royal. Lors du mariage de leur fils Louis en 1730, Prudent est chef du Conseil français d’Annapolis Royal et juge de paix. Prudent, jouis donc d’une grande confiance auprès des Acadiens, mais aussi du gouvernement anglais par sa connaissance de la langue.
II fait également faire à ses enfants d’avantageux mariages, qui consolident la position ascendante de la famille et lui permet de s’intégrer au milieu nobiliaire.
Prudent a eu douze enfants, dont cinq fils : Joseph, Prudent, Pierre, Louis et François et sept filles, Marie, Marguerite, Madeleine, Anne, Marie-Josèphe, Jeanne et Élisabeth.
La première de ses filles, Marie née en 1692 a épousé en deuxième mariage Jacques (Jean) Thériault, frère de Madeleine Thériault femme de François Robichaud. Quant à lui, l’aîné Joseph né en 1696 s’unit à Marie Forest. Marguerite, sa deuxième fille née en 1700 épouse le capitaine de navire Pierre Gourdeau dit Toc Pellerin. Jeanne née en 1713, entre dans la famille nombreuse des Landry par son mariage à Pierre, et François né en 1715, épouse Osite Leblanc.
Parmi les autres enfants, trois fils de Prudent et d’Henriette Petitpas ont contracté de belles alliances. Tout d’abord, une alliance est recherchée avec la famille «Bourgeois»
Prudent II né en 1696 (marchand, député des habitants d’Annapolis et interprète), Pierre et Louis épousent donc respectivement Françoise, Madeleine et Jeanne Bourgeois.
«Germain Bourgeois (père) était un homme bien en vue a Port-Royal. Il appartenait à l’une des familles “fondatrices” de l’Acadieson père, Jacques Bourgeois, et sa mère, Jesinne Trahan, avaient été présents en Acadie depuis les années 1640. La famille “Bourgeois” était liée par mariage à plusieurs familles de Port-Royal, Beaubassin et Grand-Pré. De plus, Germain Bourgeois, tout comme Pudent Robichaud père, était marchand à Port-Royal.»
Malgré ses nombreux services, Prudent père est arrêté et exilé avec d’autres en décembre 1755 quand il avait 86 ans et mort quelque part le long de la rivière Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, en fuyant avec d’autres par voie terrestre au Québec après avoir quitté le navire Pembroke qui les transportait en exil en Caroline du Nord.
Tous ses enfants furent aussi victimes de la déportation en 1755.
À cause de la déportation, les mariages des enfants de Prudent II né en 1696 sont peu connus. Toutefois, nous savons que Dominique né en 1723, épouse Marguerite Forest en 1744, que Marguerite née en 1725, s’allie à la puissante famille Amirault par son mariage à François.
Prudent II sera déporté au Massachusetts aux États-Unis. Après la période d’exil, plusieurs membres de sa famille se fixèrent à l’Assomption et à Saint-Jacques de la Nouvelle-Acadie. Les autres, dont Armand et Jean-Baptiste, nés de son second mariage à Cécile Dugas, se sont dirigés vers Baie Sainte-Marie en Ancienne Acadie.
Pierre épousa Madeleine Bourgeois en 1724. Il décéda à Port-Royal en 1749. Sa veuve et huit enfants furent déportés à Boston. Des membres de cette famille se sont établis à Deschambault et Yamachiche au Québec.
Louis épousa Jeanne Bourgeois en 1730. Ils furent déportés à Cambridge au Massachusetts. Au retour de l’exil, ils se fixèrent à Québec où il décéda en 1780.
Marie Marguerite Robichaud
Marie Robichaud est née en 1672 (environ) et est décédée le 26 mars 1742. Elle a épousé Denis Petitotdit dit Saint-Seine, médecin-chirurgien de profession à Port-Royal, en 1689. On le retrouve avec sa femme Marie sur les recensements suivants; En 1698 et en 1703, ils ont 4 enfants.
Voici ce que l’on sais sur Denis Petitot dit Saint-Seyne.
«L’information vient tout d’abord par un ancien missionnaire du Nord-ouest canadien, le Père Stanislas-Joseph Petitot, “Oblat écrivain, géographe et ethnographe”, originaire d’un petit village près de Dijon, en ancienne Bourgogne. Le patronyme Petitot est, dit-on, l’un des plus authentiques dans cette région; Dauzat relève sa présence dès le XIVe siècle. Une rue d’importance à Dijon porte d’ailleurs ce nom.
On découvre à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la région Bourgogne, le village moyenâgeux de St-Seine — l’Abbaye, tout près de la source de cette grande rivière de France. On écrit également Saint-Cène et Saint-Cennes qui devient rapidement Sincennes, surnom rattaché au début à Petitot pour éventuellement devenir autonome.
La souche de ce nom en Acadie est un médecin-chirurgien nommé Denis Petitot dit Saint-Seyne. On ne connaît pas ses parents, mais on sait qu’ils sont originaires du bourg de Saint-Seyne. Médecin-chirurgien de profession, il arrive en Acadie vers 1684.
En 1689, il épouse Marie Robichaud, fille d’Étienne et Françoise Boudreau, à Port-Royal, capitale de l’Acadie française, devenue Annapolis-Royal aujourd’hui, “charmante petite bourgade typiquement britannique”, comme l’écrit le Guide bleu. Ils ont quatre enfants, dont un seul fils, l’aîné Denis, qui assure la transmission du nom.
Denis Petitot serait décédé en 1714 à Port Royal.
Mais l’histoire se poursuit avec son seul fils Denis dit Saint-Seyne II né en 1688, car il se retrouve sur le même bateau que Prudent Robichaud (La révolte du Pembrooke).
Ainsi le 8 décembre 1755, à 5 h. du matin, les Anglais font monter 1664 Acadiens à bord de six voiliers en partance pour les côtes de Boston et de la Caroline. Sur l’un de ces navires étaient entassées 32 familles de Port-Royal; parmi elles se trouvaient les Belliveau (Charles), les Guilbeau (Joseph), les Gaudreau (Pierre), les Dugal/Dugas (Pierre), deux familles de Granger, ainsi que les Saint-Seyne, père et fils (Denis et Jean-Baptiste-Denis).
Dans une lettre datée de la rivière Saint-Jean le 31 juillet 1756 et qui portait les signatures des Saint-Seyne entre autres, “au nom de tous les autres habitants de la rivière Saint-Jean”, il est relaté comment les déportés de ce navire en particulier se révoltent et se rendent maîtres du navire, prenant les membres d’équipage anglais par surprise. Ils arrivent au port de Saint-Jean (au Nouveau — Brunswick d’aujourd’hui) le 8 janvier 1756, non sans avoir été pris en chasse par un corsaire anglais qui a été contraint d’abandonner la poursuite “après un petit choc, sans aucune perte de notre côté.
En faits, les Petitot font partie des quelques milliers d’Acadiens qui échappent au « nettoyage » du gouverneur Lawrence de Halifax en quittant leurs fermes pour se réfugier dans les bois. Certains gagnent éventuellement la Gaspésie, d’autres la vallée du Saint-Laurent. C’est ainsi qu’on trouve Jean Saincennes (quatrième génération) réfugié à L’Islet où il prend épouse. De là, la famille essaime vers St-Jacques-L’Achigan pour parvenir à la Haute-Gatineau d’où elle descend s’établir sur les rives de l’Outaouais.
Alexandre Robichaud
Il n’y a pas beaucoup d’informations concernant Alexandre Robichaud. Il est né vers 1675. Il semble avoir vécu une vie relativement paisible. Il s’est marié avec Marie-Anne Mélançon (Charles et Marie Dugas) Veuve de Jacques de Saint-Étienne de la Touren 1700 à Port-Royal. Il a eu 5 filles : Anne, Louise, Cécile, Marguerite et Marie-Josèphe d’où le fait qu’il n’a pas de descendants Robichaud pour Alexandre.
Ce que l’on sait de lui, le 6 juin 1707, sa maison, grange et dépendance sont incendiées par les troupes du colonel John March lors d’une attaque du fort Port-Royal.
John March fut chargé du siège de Port-Royal. Le siège a été un échec, en partie à cause de son indécision au commandement. Bien que supérieures en nombre, les troupes du Massachusetts se sont retirées après quelques attaques infructueuses. Au moins, un membre de sa force, l’aumônier John Barnard, a appelé à une offensive plus vigoureuse. Le gouverneur Daniel d’Auger de Subercase, avec l’aide compétente de Bernard-Anselme d’Abbadie de Saint-Castin, fut le commandant des troupes françaises et indiennes. Il est probable qu’Alexandre comme les autres habitants de Port-Royal s’est réfugié dans le fort.
Francis Nicholson parvient à prendre la ville et le fort en octobre 1710 durant le siège de Port-Royal et il renomme Port-Royal, Annapolis Royal.
Le 22 janvier 1715, Alexandre prête le serment d’allégeance au roi d’Angleterre à Annapolis Royal.
Il meurt le 26 mars 1742, il est enterré à Saint-Jean-Baptiste d’Annapolis Royal
François Robichaud dit niganne
Le terme Niganne
D’où provient ce surnom Niganne donné à François Robichaud, le plus jeune fils d’Étienne Robichaud et de Françoise Boudreau de Port-Royal? Certains des enfants de François portent aussi ce surnom de Niganne, Nigan ou Nighan. Qu’est-ce que ça veut dire, Niganne? Notre généalogiste national des Robichaud, Mgr Donat Robichaud, n’offre aucune explication.
Des requêtes sur Google pour le mot épelé Niganne n’offrent pratiquement aucune piste, autre que ce surnom de François Robichaud, d’Acadie. On trouve bien un artiste français nommé niganne sur un site de casting de Luxembourg. Il s’agit probablement d’un nom de scène.
Si on fait des requêtes pour le mot Nighan les réponses sont plus variées. Nighan (NIHEN, NIGHEN, NIGHAN, NYHAN?) serait un nom de famille en Inde, en Irlande et aux États-Unis.
Nigan aussi est un nom de famille en France, notamment en Côte d’Amor, en Bretagne et en Moselle, en Lorraine, à deux extrémités de la France. (geneanet.org)
Enfin, Nigan est un nom de bébé chez les autochtones de l’Amérique du Nord, notamment les Navajo, un prénom qui signifie en avant (ahead). Le nom Nigan est aussi utilisé par les peuples de langues algonquines (Abénaquis, Mik’maqs, Algonquins, Lakota, etc.) avec le même sens.
Nikan signifie ainsi, devant, d’avance, en avant, en langue algonquine. Il y a une entreprise autochtone de Cookshire-Eaton, au Québec qui fabrique des pièces d’auto, Les industries Nigan. Une entreprise de développement économique autochtone du comté de Renfrew en Ontario se nomme Nigan Anihabi.
Les Robichaud de Port-Royal étant en affaires avaient surement des relations étroites avec les peuples Mik’maqs et autres Algonquiens de la région. Avaient-ils une grand-mère autochtone? Il est possible que ce soit ainsi que le jeune François ait été affublé du surnom de Niganne.
Note: François est mon ancêtre direct
François, cadet de la famille, est né à Port-Royal en 1677. Il n’avait que neuf ans lorsque son père, Estienne, est mort. En 1701, il épouse Marie Madeleine Terriot, fille de Claude et de Marie Gautrot. En 1707, François est établi sur une terre de trois arpents où il possède un cheptel de 13 bêtes à cornes, 17 brebis et huit cochons.
Un « Village-des-Robichaud » (*) est indiqué à l’ouest du Ruisseau-des-Allain. Il s’agit probablement de l’actuel Dugway Road, où se sont installés Prudent, ses fils et probablement quelques neveux. Il est intéressant de noter que les Acadiens s’installaient en clans familiaux et qu’il n’était pas rare de retrouver deux ou trois générations sous un même toit.
Voir la carte de l’époque.
Il semble qu’ils ne s’établirent pas sur leur terre près du vieux fort. Ce lot, voisin de celui d’Abraham Dugas et de la Dame de Bellisle, donnait sur la rue et s’étendait jusqu’au fossé du vieux fort. Le rapport détaillé de Labat ne fait toutefois pas mention de maison sur ce lot.
En effet, le sieur de Labat, ingénieur ordinaire du roi et lieutenant dans les compagnies de la marine, dans un document signé le 2 décembre 1705, fait rapport au roi des terres à acquérir pour l’extension du vieux fort, ainsi que des maisons à démolir. Mais, alors que la maison de son frère Charles, sur le lot voisin, fut expropriée, de même que sa terre, il n’est pas mentionné de maison sur le lot de François. Les démarches pour négocier l’achat des terrains durèrent toute l’année 1705, puisque le rapport ne fut soumis qu’en décembre. Sans doute qu’à cette époque, le jeune époux avait cherché ailleurs un emplacement pour s’y loger.
Dès 1707, François est établi sur une terre de trois arpents, où il possède un cheptel de 13 bêtes à cornes, 17 brebis et 8 cochons. L’emplacement de sa maison et de sa terre est bien connu et figure sur des cartes de cette époque. Sa maison était la première du Cap de Port-Royal, à droite de l’unique route qui menait du fort au Cap. C’est l’actuelle Saint George Street. Sur chaque carte, le nom de François est donné comme «Nigan» et «Nighan» Robichaud.
Son premier voisin du même côté était son frère Prudent, tandis que son voisin d’en face était le Sieur de Labat. Quant à son frère Charles, il était installé beaucoup plus loin, au-delà du petit monticule appelé «Lion Rampant» où était enterré le cœur du Sieur de Brouillant.
Cependant, l’attaque du fort par les Anglais le 6 juin 1707, quoiqu’infructueuse, fut quand même dévastatrice pour les habitants du Cap qui virent leurs habitations détruites. Les cartes indiquent clairement qu’à cette occasion, les maisons des Robichaud furent incendiées. Mais tous se remirent à l’œuvre et les rebâtirent.
Quoiqu’absent lors de l’Assemblée de proclamation de l’avènement du roi Georges, en août 1714, François a sûrement toujours habité à Port-Royal. Il figure au recensement de cette même année comme habitant du Cap avec sa femme et ses cinq enfants. Il y est d’ailleurs le 22 janvier 1715, lors de la prestation du serment d’allégeance au nouveau souverain. À l’encontre de Prudent qui sait lire, écrire et calculer, François ne peut que «faire sa marque».
Il est probable que François travaille pour le compte de son frère Prudent, marchand bien connu de l’endroit, dont les principaux revenus provenaient de l’approvisionnement de la garnison anglaise du fort. En effet, seul un Acadien pouvait obtenir des habitants les vivres, le bois de construction et de chauffage nécessaires à l’entretien des troupes.
Le 30 août 1731, un ordre du gouverneur Armstrong, dans sa première ordonnance alors qu’il venait de remplacer le gouverneur Richard Philipps, tout en annonçant son arrivée, avise qu’il veut acheter des habitants 200 quintaux de biscuits et 60 barriques de pois pour la garnison. Par la même proclamation, il commandait à François — toujours sous le nom de Niganne — de se rendre aux Mines pour y acheter des bêtes à cornes et des brebis et de les conduire à Annapolis. Ce trafic était devenu indispensable à la garnison anglaise et constituait aussi un important revenu pour les habitants.
Le 21 septembre 1731, une ordonnance du gouverneur Armstrong adressée aux Acadiens d’Annapolis spécifiait qu’elle devait être lue dans l’église «en présence de Nigan Robichaud». On demandait des provisions pour la garnison et on reprochait aux habitants de n’avoir pas fini le chemin reliant Annapolis aux Mines.
Le 13 juillet 1733, un ordre du gouverneur Lawrence Armstrong le nommait gardien des troupeaux en pâturage : « Plusieurs plaintes des Acadiens, des Anglais d’Annapolis Royal, du cap Bellair et du ruisseau Fourchu parce que leurs troupeaux ont un pâturage commun et qu’il n’y a pas de gardiens de troupeaux. Francis Robichaud, dit Nigan, et Claude Melanson deviennent gardiens de troupeaux. On doit marquer les bestiaux et informer les gardiens lorsqu’on place des bestiaux dans le pâturage. On ne peut prendre aucun animal sans leur demander la permission, sous peine de payer le double de la valeur de l’animal pris. Si cela se produit, une moitié de la somme ira à l’informateur et l’autre aux pauvres. Ceux qui utilisent le pâturage doivent payer six pennies aux gardiens pour chaque vache ou bœuf et quatre pennies pour chaque mouton. Sera légal d’enquêter sur quelqu’un qui tue des bestiaux et de l’obliger à montrer la peau. »
Le 11 décembre 1742, Mascarène donne avis à Nigan Robichaud, Pierre Gaudet, Nicolas Gauthier, Denis Saint-Seine et Guillaume Bourgeois de régler un conflit entre les voisins Prudent Robichaud et Charles Belliveau au sujet de la ligne de partage entre leurs terres, soulignant « qu’ils ont déjà agi comme arbitres dans ce cas, y retourner, essayer de trouver une solution au problème et faire rapport ».
Le 15 juin 1746, René Blanchard déléguait avec procuration François Robichaud « avec pouvoir d’essayer de retirer la somme de 300 livres en argent blanc de la baie. Cette somme lui est due pour un prisonnier anglais qu’il a acheté des Indiens ».
Le 1er août 1747, un ordre de Paul Mascarène approuvait l’achat de la maison de Honoré Duon par François Robichaud : « Selon la coutume, le cas a été référé à des députés neutres qui ont fait rapport au Conseil. Robichaud est autorisé d’acheter la propriété à condition qu’il donne l’argent au Conseil puisque Duon a quitté la province ».
François « Niganne » est mort à Port-Royal le 8 décembre 1747, à l’âge de 70 ans. François et Marie Madeleine ont eu neuf enfants, quatre fils et cinq filles : François « l’aîné », né à Port-Royal en 1703 et décédé en 1729. Marie Madeleine, née à Port-Royal le 26 octobre 1705 et décédée avant le 12 avril 1763. Marguerite, née à Port-Royal le 1er octobre 1708. On la retrouve veuve en 1760 au Massachusetts, à Charleston, aujourd’hui un quartier de Boston, avec ses cinq enfants. Elle et ses enfants se fixeront vers 1774 à St- Jacques de l’Achigan. Elle y mourra le 4 octobre 1788, à 80 ans. Anne, dite Niganne, date de naissance inconnue mais épouse à Port-Royal, le 28 janvier 1732, Charles Dugas. Elle est décédée avant 1763. Pierre mon ancêtre direct, né à Port-Royal le 15 mars 1713 et est décédé à L’Islet, Québec, le 5 novembre 1784. François « le jeune », né à Port-Royal le 6 septembre 1716 et est décédé avant le 21 mai 1764. Madeleine, née à Port-Royal le 4 janvier 1718, date de décès inconnue. Joseph, né à Port-Royal le 15 septembre 1721, décédé à Port-Royal le 12 janvier 1747.
Louise, alias Lisette, née en juin 1724. Épouse à Louisboug, le 6 octobre 1742, Guillaume Ouinette (William Winniett), fils de William, marchand protestant de Port-Royal et de Madeleine Maisonnat, catholique, fille du fameux pirate Pierre, alias Baptiste Maisonnat et de sa seconde épouse Madeleine Bourg, sœur d’Alexandre Bourg, notaire à Grand-Pré.
L’honorable William Winniett, le beau-père de Lisette, était membre du conseil d’Annapolis où il manifesta souvent de la sympathie pour les Acadiens au point de devenir suspect aux yeux de ses compatriotes. Il eut 13 enfants, dont John, qui épousa à Boston, en 1746, Elizabeth Winslow, nièce du colonel John Winslow.
Winslow s’empare le 18 juin 1755 du fort Gaspareaux et, le 11 août de cette même année fatidique, s’occupe de la Déportation des Acadiens du bassin des Mines.) Lisette devint veuve en 1747 et fut déportée à Boston en 1755 avec ses enfants, William David et Betty.
Cette dernière, après avoir épousé à Boston, le 31 janvier 1769, Timothée Bourgeois devant Louis Robichaud et autres parents et amis, vint se fixer à Pointe-aux-Trembles, Québec. William David a été baptisé le 27 février 1744, sans mention d’âge, par le curé Desenclaves et avait pour parrain et marraine Madeleine St-Seine et Charles Dugast.
Sur les traces de mes ancêtres
La révolte du Pembrooke
Entre le 14 et le 17 novembre 1755, les bateaux devant servir à la déportation des français-neutres de la rivière Dauphin, arrivèrent devant Annapolis Royal. Manquait à ce rendez-vous le voilier Pembroke et ses provisions. Le Pembroke, qui avait perdu son mât principal cassé lors d'une tempête, atteignit Annapolis Royal qu'à la fin novembre.
Charles Belliveau reçut l'ordre de remplacer ce mât, ce qu'il fit. Lorsque l'ouvrage fut terminé, il demanda à être payé, ce qui provoqua un éclat de rire du capitaine. Charles Belliveau, ayant un tempérament à ne pas se laisser marcher sur les pieds, saisit sa hache de charpentier et menaça de fendre le nouveau mât. Le prix convenu fut payé. Ironie du sort, c'est justement sur le Pembroke que Charles fut embarqué pour la déportation.
La plupart des navires servant à la déportation, étaient des vaisseaux de transport de bétail, modifiés pour une cargaison humaine. La hauteur de chaque pont était telle qu'il était impossible de s'y tenir debout. Le nombre de passager empêchait que tous puissent s'étendre. La destination était inconnue des prisonniers. L'air y était irrespirable.
Le Pembroke, un voilier de 42 tonneaux, avait à son bord 33 hommes, 37 femmes, 70 fils et 92 filles. Le 8 décembre 1755, le vaisseau quittait l'île-aux-Chèvres à l'embouchure de la rivière Dauphin (aujourd'hui Rivière Annapolis), pour se rendre en Caroline du Nord.
Les autres navires du convoi, totalisant 1664 prisonniers acadiens, avaient comme destinations le Massachusetts, le Connecticut, New-York et la Caroline du Sud.
Sauf le Pembroke, chaque navire atteignit sa destination. Le Baltimore, un navire de guerre, dirigea le convoi de 7 navires jusqu'à New-York, le reste du trajet devant se faire sans escorte.
Pour éviter la suffocation, à tour de rôle, on permettait à 6 prisonniers acadiens de sortir sur le pont supérieur, pour une vingtaine de minutes. Charles Belliveau planifia une surprise. Il choisit 5 des hommes les plus forts et leur expliqua ce qu'ils devaient faire. Sur le pont supérieur, lorsque l'ordre fut donné de retourner dans la cale, Belliveau et ses 5 compagnons sortirent rapidement. Avant même que l'écoutille fut refermée, un acadien du nom de Beaulieu, ancien capitaine de vaisseau, homme d'une force herculéenne, assomma d'un vigoureux coup de poing, la sentinelle anglaise. Ce fut le signal de la révolte.
Les autres vinrent, par l'écoutille restée ouverte, prêter main forte au groupe des six audacieux. En moins de deux, le capitaine et son équipage furent massacrés etneutralisés.
Charles Belliveau prit en charge le voilier qui vira immédiatement de cap. Le vent étant fort, l'ex-capitaine, encore en vie, tenta d'apeurer le nouvel équipage, en criant que le mât principal avait une faiblesse et allait briser. Le malheureux avait oublié que c'était justement ce Charles Belliveau qui avait installé ce nouveau mât.
Plusieurs capitaines acadiens, Fontaine dit Beaulieu, Belliveau et autres, prirent à tour de rôle le gouvernail.
Parti de l'Île-aux-Chèvres le 8 décembre, le Pembroke déchargea sa cargaison humaine au port de Saint-Jean (Nouveau Brunswick) le 8 février 1756.
A peu près au même moment, un navire anglais, flottant un pavillon français dans le but d'approcher et de faire prisonnier les indiens alliés des français de cette baie, avait aperçu le Pembroke. Les acadiens mirent alors feu au vaisseau et remontèrent à pied le fleuve Saint-Jean.
Plusieurs des 32 familles fugitives du Pembroke quittèrent la région, pour se rendre au Québec. Plusieurs moururent en route. La calamité s'acharnât sur ceux qui avaient réussi à atteindre la ville de Québec, car l'épidémie de la petite variole de 1757-1758 décima une grande partie du groupe. C'est cette fièvre qui tua Charles Belliveau en 1758, à la ville de Québec.
Parmi les révoltés du Pembroke, outre Belliveau et Fontaine dit Beaulieu citons les Belliveau (Charles), les Guilbeau (Joseph), les Gaudreau (Pierre), les Dugal/Dugas (Pierre), deux familles de Granger, ainsi que les Saint-Seyne, père et fils (Denis et Jean-Baptiste-Denis) et Charles Mélançon, dont les descendants demeurent aujourd'hui dans la région Lanaudière.
Aussi on retrouve Prudent Robichaud qui est décédé quelques part le long de la rivière Saint-Jean du à son grand âge.